Le Tunisien Matheus Jade Esseyah élu premier Mister Trans International


Parlons de cette photo, elle est gênante, hein? c'est le Tunisien Matheus Jade Esseyah, 24 ans, qui a été élu premier Mister Trans International au Brésil. Vous sentez naître un malaise en vous? Pourquoi? Parce qu'une personne née de sexe masculin ne se conforme pas à l'idée qu'on se fait de la masculinité? Pas que. C'est plus vicieux que ça. C'est un homme qui se prévaut d'une esthétique féminine.

Le contraire, ça va, c'est des "garçons manqués". Elles auraient pu être du bon côté des privilèges, mais ça a manqué. Des femmes qui portent un smoking, on en voit tous les jours. Ça ne pose problème à personne parce qu'elles arborent une esthétique traditionnellement masculine, vous saviez déjà que la masculinité est la norme à célébrer.

Non, le problème c'est le féminin, pas que les femmes, le féminin dans l'absolu.  L'esthétique, les valeurs, les émotions. On nous a collectivement appris, femmes et hommes, à mépriser ça.

Vous méprisez vos mères, vos soeurs, vos femmes, vous les aimez, mais vous les méprisez, et vous ne voudrez surtout pas être à leurs places. S'habiller comme une femme, parler comme une femme, pleurer comme une femme, marcher comme une femme, faire l'amour comme une femme. Trop émotives, trop impliquées, trop fortes, trop faibles, trop habillées, pas assez habillées.

Les filles peuvent porter des jeans et se couper les cheveux courts, porter des chemises et des bottes parce que c'est bien d'être un garçon. Mais qu'un garçon ressemble à une fille est dégradant parce que vous pensez qu'être une femme est dégradant.

Alors on hait ceux qui osent remettre en question une frontière de privilèges bien établie. Une question à poser à l'esprit de beaucoup d'individus, c'est quoi être un homme? C'est surtout ne pas être une femme.
Et les hommes qui sont dans un entre-deux joyeux, ou qui ont carrément sauté par dessus bord vous rappellent que ça n'a rien de naturel tout ça, que c'est construit.

Qu'on ne naît pas homme, on le devient. Et que ça ne convient pas à tout le monde d'être cloîtré toute sa vie dans la performance de la masculinité.  Y'en a, ça ne leur donne pas envie de savoir éclater de joie devant un match de foot, mais d'être incapable de dire à sa mère qu'on l'aime. À son pote qu'on a mal. À la société que ça ne va pas.

Vous regardez votre porte de sortie, vos alternatives à la virilité qui vous pousse à passer votre temps à vouloir impressionner d'autres hommes. On ne s'en sortira pas sans.

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Kabil El Ouerghemmi




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Kabil El Ouerghemmi