La Femme Tunisienne est une femme exceptionnelle


«Si donc nous mésestimons la femme et oublions le discrédit et le mépris en lesquels elle se trouve être aujourd’hui, cela ne saurait être qu’une forme de la mésestime en laquelle nous nous tenons nous-mêmes. » (Tahar Haddad, 1930)

La Tunisie… Un pays fondé par la femme… Bref, l’image de cette dernière a oscillé entre une conseillère secrète dans l’ombre des palais et une paysanne qui travaillait dure dans les champs agricoles, soumise à la volonté de l’homme. Cette femme militante a été couronnée par une date mythique privilégiant cette dernière dans le monde arabe, le 13 août, journée nationale de la femme tunisienne, d'où la promulgation de "Code du Statut Personnel" visant à l'instauration de l'égalité entre l'homme et la femme dans nombre de domaines.

Une initiative révolutionnaire étant l'un des actes les plus connus du Premier ministre et futur président Habib Bourguiba près de cinq mois après l'indépendance de son pays. Il donne à la femme une place inédite dans la société tunisienne et dans le monde arabe en général, abolissant notamment la polygamie, créant une procédure judiciaire pour le divorce et n'autorisant le mariage que sous consentement mutuel des deux époux.

La femme a pu laisser une emprunte au sein de l’histoire grâce à son héroïsme, sa lutte pour des causes justes et ses contributions et réalisations sur tous les niveaux, même étant leader d’opinion, contrairement à ce que les extrémistes pensent que la femme ne sert pas à la vie politique.

Des exemples qui ont marqué l’histoire de l’Occident, à l’image de Jeanne D’Arc, la chef de guerre, Marie Curie, première femme récompensée du prix Nobel, Angela Merkel la chancelière allemande qui a pu arracher sa place dans un domaine prévalu par les hommes. Mais aussi, cette histoire raconte, en Tunisie, les combats de quelques femmes célèbres qui se sont distinguées par leur courage, comme  El Jézia El Hilalia, figure mythique de la bravoure féminine antique tunisienne ou encore la guerrière Kahena, qui a rassemblé derrière elle une armée de milliers d’hommes. La femme Tunisienne a milité pour l’amélioration des conditions de vie des concitoyens, tel est l’exemple d’Aziza Othmana qui a protégé les pauvres.

A présent, le rôle de la femme tunisienne a été renforcé par les lois et le soutien d’un gouvernement qui a mis en œuvre l’émancipation et l’égalité de la femme qui a pu, de sa part, rendre cette compensation par réalisations et actions qui ont marqué la Tunisie comme un pays qui a offert à la femme toutes les conditions nécessaires pour le meilleur vécu, parmi les premiers pays à réaliser les premières pour les femmes, citons l’exemple du code de statut personnel en 13 août 1956, d’où la fête nationale de la femme.

L’émancipation de la femme tunisienne est fortement liée à la promulgation du Code du statut personnel en août 1956 ; une consécration législative qui a été inspirée par plusieurs écrits progressistes, œuvres de féministes avant-gardistes, à leur tête, Tahar Haddad. Le texte de 1956 abolissait notamment la polygamie et la répudiation et instituait le divorce judiciaire. Au sein de la société, la femme avait désormais le droit à l’éducation, au travail, au vote et à la gestion de sa vie personnelle et sexuelle.

«En 1988, le Pacte national a confirmé le principe d’égalité entre l’homme et la femme et en 1989, la Tunisie a ratifié la convention des Nations Unies sur l’interdiction de toute discrimination à l’égard des femmes. En 1993, le principe de la coresponsabilité familiale du couple est institué. En outre, la création, d’abord en 1990 du Centre de recherches, d’études, de documentation et d’information sur la femme (CREDIF) doté, depuis fin 1993, d’un observatoire de la condition de la femme, puis en 1992 du ministère des Affaires de la Femme et de la Famille a permis à la Tunisie de disposer de structures consacrées à la femme et de moyens pour assurer sa participation en tant qu’élément actif de la société. »

Enfin, le Code du travail, depuis 1992, faisant l’objet d’un amendement, luttant contre la discrimination entre l’homme et la femme dans tous les aspects du travail tel que l’accès à l’emploi, et l’égalité de salaire, qui même aux Etats-Unis n’a pas été fixé pour l’égalité de salaire entre les deux sexes. 

Aussi, la femme tunisienne a toujours l'habitude de se distinguer par rapport aux autres femme arabes, et on a beaucoup d'exemples. Najla Bouden est la première femme à la tête du gouvernement dans le monde arabe... Ons Jabeur est la talentueuse tennis woman... Tawhida Ben Cheikh est la première femme médecin et gynécologue du monde arabe, et également la première tunisienne à siéger au Conseil de l’Ordre des médecins en Tunisie... Reem Bouarrouj la première femme arabe à avoir accompli des missions humanitaires en mer Méditerranée au profit des migrants clandestins... L'escrimeuse tunisienne Ines Boubakri est la première femme arabe et africaine à avoir remporté une médaille olympique dans sa discipline... Hend Chaouch est la seule femme arabe et africaine championne de Rallye.

Dans le domaine du théâtre, le cinéma, on a des icônes telles que Mouna Noureddine, Hind Sabry, Raja Ben Ammar, Fatma Ben Saidane, et des réalisatrices comme Kalthoum Bornaz, Salma Baccar, Moufida Tlaltli, Raja Amari, Kawther Ben Hania, et Nada Mezni Hfaiedh.

En effet, la liste est longue. la femme tunisienne continue à donner des leçons au monde comme l'exemple de la jeune tunisienne, Lamia Hakim, première enfant de la lune au monde, à obtenir son doctorat.

Femmes et droits pré-révolution

Après la révolution, un changement radical a eu lieu, plus de droits et de libertés ont été garantis avec les modernistes, mais aussi on a vu l'apparition de certains courants obscurantistes et rétrogrades.

Confirmation d’une loi contre l’harcèlement sexuel d’une femme dans la rue, l’annulation de circulaire du 1973 qui interdit le mariage d’une tunisienne avec un non-musulman, et déclaration du président de la république pour l’égalité en héritage entre homme et femme… Tous ces ingrédients ont été inculqués à la recette de cette année, 2017, qui a marqué un changement radical pour la situation de la femme tunisienne.

En effet,  l’article 17 du projet de loi pour la lutte contre les violences infligées aux femmes a été confirmé, afin de mieux protéger la femme contre toute forme de violence, mettant fin à des années de maltraitance, selon l’article. Ce qui implique que tout homme importunant une femme se verra écoper d’une amende de 500 jusqu’à 1000 dinars. Suffisant pour remédier à ce fléau, sachant que 53% des femmes disent avoir été victimes au moins une fois dans leur vie de harcèlement dans les lieux publics.

Dans l’histoire moderne du pays, le moment où le président de la république, Béji Caid Essebsi, a déclaré dans son discours l’égalité en héritage entre homme et femme, créant désormais un tollé entre ceux qui sont pour et les autres qui ont refusé, en se basant sur des références du coran et les bases de l’islam, restera dans la mémoire de tous.

Puis en septembre 2017, le passage à l’action par l’annulation du circulaire de 1973 interdisant aux Tunisiennes de se marier à un non-musulman, alors qu’il était nécessaire au futur conjoint de se convertir à l’islam par le passé. Essebsi a par ailleurs annoncé qu’une autre loi sera aussi modifiée pour permettre l’égalité dans l’héritage, alors qu’aujourd’hui une femme n’hérite que la moitié de la part de ses frères. Il s'agit d'ne première au monde arabe, qui privilégie la Tunisie par rapport aux autres pays dont certains réclamaient l’obligation de faire exclure le pays de la Ligue arabe, à cause de ces initiatives, qui divergent aux traditions et aux enseignements de l’islam.

Vous vous rappelez de la réaction du grand Imam d’Al Azhar Abbas Shuman qui a descendu en flamme l’égalité dans l’héritage telle que proposée par le président de la République Béji Caïd Essebsi. Une réaction totalement différente de celle de l’office de l’Ifta de la République tunisienne ayant tenu à féliciter la femme tunisienne en mettant en œuvre les propositions faites par Béji Caïd Essebsi lors de la fête de la femme.

Gardons dans l'esprit qu’il serait donc naïf de croire que la situation de la femme tunisienne est parfaite et que nous avons fini avec le besoin d’une évolution réelle de la situation de la femme. C’est maintenant qu’il faut lutter pour la protection ces acquis. C’est le moment pour changer les mentalités pour plus de féminisme, de tolérance, d’ouverture et d’innovation. 

Cessons d’attendre pour qu’une autre personne fasse ce travail à notre place! Agissons dès maintenant ensemble pour que la Tunisie de demain soit meilleure que celle d’aujourd’hui! Le 13 août est une journée pour rendre hommage à la pièce maîtresse de la famille, la Femme.

 

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Kabil El Ouerghemmi




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Kabil El Ouerghemmi