Promotion de la santé publique : La mise en œuvre du vaccin HPV dans la région MENA


Le cancer du col de l'utérus est unique parmi les maladies non transmissibles, car il est causé par un agent infectieux. Deux types de papillomavirus humains (HPV), les types 16 et 18, sont responsables de près de 50 % des pré-cancers du col de l'utérus de haut grade. Alors que le cancer du col de l'utérus est le premier cancer que la communauté mondiale tente d'éliminer, sa prévention et son contrôle réussis exigent des efforts de collaboration étendue et de sensibilisation. Dans certains pays de la région, on prévoit que l'incidence du cancer du col de l'utérus augmentera d'environ 82 % entre 2020 et 2040. Cette projection alarmante se traduit par environ 13 200 nouveaux cas estimés et plus de 16 000 décès annuels. Par conséquent, le 11 janvier 2023, le Bureau régional de l'Organisation mondiale de la santé pour la Méditerranée orientale (OMS EMRO) a officiellement inauguré la Stratégie régionale d'élimination du cancer du col de l'utérus pour la Méditerranée orientale. Ce lancement stratégique coïncide avec le Mois de sensibilisation au cancer du col de l'utérus, marquant ainsi un moment pour reconnaître les progrès accomplis et souligner les efforts restants nécessaires pour éradiquer cette maladie évitable.

Le ministère des Services nationaux de santé du Pakistan a récemment incorporé le vaccin HPV dans le Programme national de vaccination (NIP), dans le but de lutter contre le cancer du col de l'utérus. Cette décision importante positionne le Pakistan comme le huitième pays de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) à franchir cette étape cruciale vers l'élimination du HPV.

Juste une semaine auparavant, Bahreïn a également fait une annonce remarquable en incluant le vaccin HPV dans son Programme national de vaccination (NIP). Cela souligne l'engagement ferme de la région MENA à traiter les problèmes pressants de santé publique. Cet effort de vaccination couvre à la fois les jeunes filles et les jeunes garçons âgés de 12 à 13 ans. La décision de Bahreïn le place parmi le groupe de pays de la région MENA qui ont fait un pas significatif vers l'éradication du HPV, suivant l'exemple du Maroc, de l'Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, de la Libye, du Qatar et du Koweït.

La région MENA, qui a été confrontée à divers défis de santé, notamment des maladies infectieuses et des maladies chroniques, oriente désormais ses efforts vers la prévention des maladies liées au HPV. Cette initiative de vaccination représente une avancée cruciale dans le parcours continu de la région visant à améliorer la santé publique et à soulager les charges associées au cancer.

Cependant, la mise en œuvre du vaccin HPV au sein de la région MENA est une initiative multidimensionnelle impliquant les gouvernements, les professionnels de la santé et les organisations internationales. Alors que plusieurs pays, dont le Maroc, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, la Libye, le Qatar, le Koweït et Bahreïn, ont pris des mesures significatives pour prévenir le cancer du col de l'utérus en intégrant le vaccin HPV dans leurs programmes nationaux de vaccination, d'autres, comme la Tunisie et l'Égypte, ont opté pour des campagnes de sensibilisation afin de souligner l'importance du dépistage et de la détection précoce. Des campagnes éducatives ont été lancées pour informer le public sur le HPV, sa transmission et l'efficacité de la vaccination.

Notons également que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande :

  • Un ou deux doses pour les filles de 9 à 14 ans.
  • Une ou deux doses pour les filles et les femmes de 15 à 20 ans.
  • Deux doses espacées de 6 mois pour les femmes de plus de 21 ans.

Défis et Idées Fausses Entourant la Mise en Place du Vaccin HPV

La mise en place du vaccin fait face à de nombreux défis. Par exemple, une étude a confirmé certaines idées fausses préoccupantes. En particulier, 31 % des répondants pensaient à tort que le vaccin HPV ciblait exclusivement les femmes mariées. De plus, des idées fausses alarmantes entouraient les méthodes de dépistage du cancer du col de l'utérus, avec 58,8 % des répondants en Arabie saoudite ayant de telles croyances.

Un autre article scientifique a souligné comment le manque d'informations parmi les parents constituait un obstacle à la vaccination contre le HPV. Les solutions proposées comprenaient l'utilisation de campagnes sur les réseaux sociaux, des séminaires en milieu scolaire et la création d'une plateforme éducative nationale.

De plus, une autre étude a révélé un taux élevé d'hésitation à la vaccination parmi les étudiants, avec un pourcentage global de 59,1 % (43,9 % chez les femmes et 75,9 % chez les hommes). Les raisons couramment citées incluaient un manque de connaissances et une perception d'un manque de nécessité, en particulier parmi les jeunes et les hommes. Cette étude a également montré que la connaissance des étudiants en soins infirmiers influençait significativement leurs attitudes envers la vaccination contre le HPV. Bien que la plupart des participants reconnaissent le lien entre le HPV et le cancer du col de l'utérus, moins de la moitié étaient au courant de l'existence du vaccin HPV.

Initiatives régionales pour lutter contre le cancer du col de l'utérus dans la région

Il convient de noter que la Stratégie régionale d'élimination du cancer du col de l'utérus de l'OMS pour la Méditerranée orientale définit cinq domaines d'action stratégique pour lutter contre le cancer du col de l'utérus dans la région. Premièrement, elle met l'accent sur la nécessité de renforcer la prévention primaire grâce à l'introduction accélérée et à une couverture renforcée du vaccin HPV. Deuxièmement, elle souligne l'importance de l'amélioration du dépistage du cancer du col de l'utérus et du traitement des pré-cancers. Troisièmement, la stratégie vise à soulager la souffrance causée par le cancer du col de l'utérus en améliorant la disponibilité du diagnostic précoce, du traitement, de la réadaptation et des services de soins palliatifs. De plus, elle vise à renforcer les systèmes de santé en garantissant la prestation intégrée, efficace et équitable de services de haute qualité dans les domaines de la vaccination, du dépistage et du traitement, ainsi que des systèmes de suivi et d'évaluation efficaces. Enfin, la stratégie met l'accent sur l'amélioration de la communication, de la sensibilisation et des efforts de mobilisation sociale pour lutter contre l'hésitation à la vaccination, renforcer la sensibilisation à la prévention et au traitement, et améliorer l'acceptabilité du diagnostic.

La Coalition MENA pour l'élimination du HPV joue un rôle crucial dans la participation de la société civile pour sensibiliser au HPV et à l'importance de son élimination. Cette coalition, composée de diverses organisations non gouvernementales, de groupes de défense, de professionnels de la santé et de personnes concernées, constitue un front uni pour relever les défis liés au HPV dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA). Lors d'un récent webinaire, le Dr Ibtihal Fadhel, leader de la coalition, a souligné l'importance cruciale de sensibiliser à l'importance du vaccin.

En même temps, les professionnels de la santé jouent un rôle central dans la promotion de cette initiative. Dans certains pays, des programmes de formation complets les ont dotés de l'expertise nécessaire pour administrer en toute sécurité le vaccin HPV, avec le soutien de leurs ministères de la Santé respectifs. Par exemple, dans le cadre de la campagne de sensibilisation sur les risques liés au HPV et les stratégies de prévention au Qatar, un élément clé implique la distribution d'un guide informatif aux professionnels de la santé de tout le pays. Ce guide remplit une double fonction, en fournissant des connaissances cruciales sur les infections à HPV et leurs risques associés. Il met également en avant les progrès du Qatar dans la lutte contre le cancer du col de l'utérus, principalement grâce à la fourniture volontaire du vaccin HPV.

Un autre exemple est le secteur de la Population du ministère de la Santé du Yémen, qui s'est associé au Centre national d'oncologie pour organiser de manière impeccable la conférence inaugurale sur les tumeurs de la reproduction et leur prévention dans la capitale, Sanaa, le mois dernier. L'événement a vu la participation active de 700 médecins et a présenté 19 communications exhaustives. Au cours de deux jours, la conférence a abordé divers aspects des tumeurs de la reproduction, y compris des discussions sur les stratégies de prévention et les approches contemporaines de préservation de la fertilité.

D'autre part, et conformément à ces initiatives, l'initiative égyptienne pour la détection précoce et le traitement des tumeurs cancéreuses lancée en juillet dernier a enregistré la participation de plus de 7 000 000 de femmes. Dans le but de réduire les décès liés au cancer et ainsi le fardeau financier des cas à un stade avancé, y compris ceux causés par le HPV, la campagne visait initialement neuf gouvernorats en Égypte (Alexandrie, Beheira, Matrouh, Damietta, Qalyubia, Fayoum, Assiut Port Said et le Sud-Sinaï). Des questionnaires électroniques ont été utilisés pour évaluer les risques, et des références pour des tests nécessaires ont été suivies en cas de besoin. En cas de résultats négatifs, des suivis périodiques étaient prévus, et un plan de traitement multidisciplinaire a été fourni pour les cas positifs.

Le vaccin : un futur plus sain sans le HPV

La mise en œuvre du vaccin HPV n'est pas un événement ponctuel mais un processus continu impliquant tous les acteurs de la santé publique. Cependant, sa signification va au-delà d'une simple campagne de vaccination ; elle représente un engagement envers un avenir plus sain. En évitant les maladies liées au HPV, notamment le cancer du col de l'utérus, les systèmes de santé de la région MENA peuvent réaffecter des ressources pour traiter d'autres priorités de santé urgentes.

À mesure que la campagne progresse, la région assiste déjà à des changements positifs dans sa lutte contre les maladies liées au HPV. À l'occasion de la Journée mondiale de sensibilisation au papillomavirus humain (HPV), de nombreux experts ont souligné la nécessité de mettre fin à la stigmatisation sociale et de l'intégrer dans le programme d'assurance maladie.

Le chemin vers une couverture complète de la vaccination contre le HPV dans la région MENA peut être long. Pourtant, il représente une avancée significative vers l'amélioration de la santé publique, la réduction des dépenses de santé et la préservation de vies. Il sert de rappel poignant que même face à d'énormes obstacles de santé, des progrès peuvent être réalisés grâce à l'éducation, à la coopération et à un engagement inébranlable envers l'amélioration du bien-être de millions de personnes dans la région MENA. Il est urgent d'établir des centres de santé spécialisés et des politiques de santé axées sur le HPV et la prise en charge et l'élimination du cancer du col de l'utérus.

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Nouha Belaid




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