La langue française n’a plus aucun avenir en Tunisie, est-ce vrai?


A partir de l’année universitaire 2022-2023, les étudiants de la faculté de médecine dentaire de Monastir pourront suivre les cours en anglais. Bien entendu, les étudiants auront toujours le choix entre les deux langues et, comme il est de tradition dans cette faculté, pourront y recevoir les cours en langue française.
 
Ça me rappelle un peu les premières années de l’arabisation de la philosophie. Les enseignants ont eu, pendant quelques années, le choix entre l’arabe et le français, avant que l’arabe ne leur soit imposé définitivement.
 
Je pense que le règne de Kaïs Saïed sera celui de l’hostilité à la langue française et de la substitution de l’anglais au français au nom d’un pseudo-pragmatisme.

Il faut dire qu’à cause de la lâcheté des francophones, la langue française n’a plus aucun avenir en Tunisie. Ils n’ont jamais assumé leur francophonie.


Certains d’entre eux ont même réalisé le miracle de l’ubiquité. En effet, ils ont inscrit leurs enfants à l’école française et, en même temps, ils ont passé une bonne partie de leur vie à la descendre en flammes et à critiquer les Tunisiens qui défendent la langue française. Les plus célèbres d’entre eux s’appellent Mohamed-Salah Mzali, Driss Guiga, Neji Jelloul, Safi Saïd…
 
Il faut dire que la question de la place de la langue française chez les jeunes tunisiens, et plus précisément dans la couche de la population de moins de 25 ans, a été résolue : cette langue est déjà morte pour eux, ils ne la maîtrisent pas. D’ailleurs, et j’ai eu l’occasion de m’en rendre compte cet été, leurs conversations sont émaillées de mots en anglais. Même les conjonctions de coordination et de subordination que les Tunisiens employaient naturellement en français sont aujourd’hui prononcées en anglais par les jeunes. Ces derniers ressemblent davantage aux chabab du Proche-Orient qu’aux Tunisiens des années 1970 et 1980, voire 1990.
 
L’agonie dans laquelle se trouve le français sous nos cieux est l’histoire d’une élite lâche qui n’a jamais défendu cette langue et qui ne se l’est jamais appropriée. Forcément, dans de pareilles conditions, dans un climat qui lui est aussi hostile, elle est vouée à disparaître pour être remplacée par la lingua franca du moment. En tout cas, cette substitution de l’anglais au français qui est en train d’avoir lieu à la faculté de médecine dentaire de Monastir ne s’est pas faite ex nihilo ; c’est le résultat d’un reniement qui dure depuis plusieurs décennies.
 
Enfin, je dois partager avec vous deux points. Pour les raisons susmentionnées et pour d'autres raisons encore, je suis contre la tenue du Sommet de la francophonie en Tunisie. Et mes plus chaleureuses félicitations au Chevalier de l'Ordre des Arts et Lettres de la République française, Maya Ksouri, qui doit certainement applaudir des deux mains les « exploits » de son bienfaiteur qui, visiblement, rêve d'être le fossoyeur de la langue française en Tunisie. Par la suite, ceux qui veulent substituer l’anglais au français en avançant des arguments fallacieux (perspectives économiques plus intéressantes, langue des sciences, etc.), épargnez-moi votre discours débile et vos explications bidons!
 
 

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Mohamed Sadok Lejri




Mohamed Sadok Lejri