Dans une classe à 40 degrés de chaleur: est ce que ces élèves et moi, appartenons à ce pays?


A une température pouvant aller jusqu'à 40 degrés, le professeur reçoit ses élèves dans une classe bondée, meublée par des tables usées depuis longtemps, un tableau noir sale, et de la craie... On voit la sueur couler comme de la pluie sur son visage, à cause de la chaleur, et les visages des élèves brûlés par les rayons du soleil... des visages qui vous décrivent leur situation depuis longtemps dans cette classe.

Des élèves portant des vieux tabliers, et des chaussures rapiécées. Dans son imagination, l'élève regarde la cours de l'école, avec une envie de changer le temps. Vous voyez une terre aride, un mirage qui a été exacerbé par la solitude et l'aliénation du pays. Alors l'heure coule, et les étudiants sortent à la hâte, "Au revoir monsieur." Chacun monte sur le dos de son âne pour commencer un nouveau voyage jusqu'à ce qu'il atteigne sa maison. Une scène que nous voyons toujours, et malheureusement encore en 2022.

Quant à l'instituteur, il porte un seau d'eau de la citerne du ministre pour se refroidir. Il allume la télévision en noir et blanc, juste comme à cette époque, pour écouter les informations. L'actualité est comme d'habitude. Le ministre dirige un séminaire de réforme de l'enseignement dans un hôtel à Hammamet, il est triste dans son immense bureau sous son climatiseur, car les élèves étudient sous le soleil à 40 degrés. Il s'agit des mêmes mots, des mêmes douleurs et de la même aliénation. Mais il voit des visages autres que ces visages des élèves qui souffrent, et  issus des zones autres que leurs zones vulnérables.

Le ministre, le président et les organisations parlent tous de l'année de l'enseignant. Cet enseignant qui se demande : "est-ce que j'appartiens à ce secteur dans ce pays ou à un pays frère?", tout en regardant la carte géographique de la Tunisie et en mesurant les facteurs temporels, la dimension sociale, la zone urbaine, et les limites géographiques.

Encore une fois, nous voyons comment la sueur mouille sa carte, il se mélange à sa sueur en répétant: "Qui suis-je et  qui sont ces élèves sont dans une salle bondée sous une température de 40 degrés? .... A quel pays appartenons-nous ? Et pourquoi cette aliénation ?".

Ajouter Commentaire

Taoufik Jaballi




Taoufik Jaballi